Depuis plus de deux mille ans, les philosophes ont défendu de nombreuses conceptions de la morale. Toutefois, trois approches dominent en éthique normative : l'éthique conséquentialiste (ou conséquentialisme), l'éthique déontologique (ou déontologisme) et l'éthique de la vertu.
L'éthique conséquentialiste
Le conséquentialisme met l'accent sur les conséquences de nos actions : pour déterminer le caractère moral d'une action, il faut s'intéresser à l'ensemble de ses conséquences. Une action est moralement bonne du fait qu'elle a des conséquences qui sont bonnes (ou, dans un dilemme, meilleures que celles des autres actions possibles).
Par exemple, Éric pourrait juger moralement préférable d'avouer un adultère à sa conjointe parce que le secret aurait des conséquences désastreuses sur sa relation de couple (sa dissimulation minerait l'intimité et l'harmonie de la relation). Ou encore, il pourrait juger moralement préférable de ne pas avouer l'adultère parce que l'aveu aurait des conséquences désastreuses sur sa famille. Éric adopterait alors l'approche conséquentialiste.
L'éthique déontologique
Le déontologisme met plutôt l'accent sur les notions de devoir, d'obligation et d'impératif moral : pour déterminer la moralité d'une action, il faut se référer au devoir moral de l'agent. Un acte est moralement bon du fait qu'il satisfait à certains devoirs ou à certaines obligations morales, et ce, peu importe ses conséquences.
Par exemple, Éric pourrait juger moralement préférable d'avouer l'adultère à sa conjointe parce que son devoir est d'être honnête envers elle. Il pourrait aussi juger moralement préférable de ne pas avouer l'adultère parce que son devoir de père est de protéger sa famille. Dans les deux cas, Éric adopterait l'approche déontologique.
L'éthique de la vertu
Cette dernière approche en éthique met l'accent sur les traits de caractère dont témoignent les actions : pour déterminer la moralité d'une action, il faut regarder le trait de caractère qui est généralement associé à un tel acte. Est-ce une vertu ou un vice? Un acte est moralement bon du fait qu'il correspond à ce que ferait quelqu'un de vertueux.
Par exemple, Éric pourrait juger moralement préférable d'avouer l'adultère à sa conjointe parce que c'est ce que ferait un homme honnête. Il pourrait aussi juger moralement préférable de ne pas avouer l'adultère parce que c'est ce que ferait un père de famille bienveillant. Éric adopterait ainsi l'approche de l'éthique de la vertu.
Une conception du bien
Le conséquentialisme, le déontologisme et l'éthique de la vertu proposent des règles pour évaluer une action d'un point de vue moral. Mais ces approches en tant que telles ne permettent pas de déterminer, entre deux actions, laquelle est moralement meilleure.
Par exemple, même si le conséquentialisme me dit que l'action moralement bonne est celle qui a les meilleures conséquences, il ne me dit pas comment déterminer quelles conséquences sont meilleures : quel type de conséquences dois-je privilégier? De même, le déontologisme me dit que l'action moralement bonne est celle qui satisfait à mes obligations morales; mais quelles sont mes obligations morales? L'éthique de la vertu me dit que l'action moralement bonne est celle qui correspond à ce que ferait quelqu'un de vertueux, mais comment savoir quelles vertus primeraient chez cette personne?
Pour répondre à ces questions, il faut quelque chose de plus, que l'on pourrait appeler une conception du bien. En effet, que l'on adopte une approche conséquentialiste, déontologique ou de l'éthique de la vertu, il faut s’appuyer sur une conception des bonnes conséquences, des devoirs moraux fondamentaux, ou des vertus à privilégier, selon le cas. C’est là qu'interviennent différentes théories morales incluses dans ces trois grandes approches.